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La Minute Nécessaire est Terminée
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13 novembre 2004

Vues

Parfois je joue et mes parents sont là, m'entendent. Parfois c'est "c'est joli", d'autres c'est "tu joues trop fort". Aujourd'hui c'était "c'est pas beau ça". J'ai regardé mon clavier en silence.
 - Tant pis.
Et elle est partie.

Je me disais qu'ils ont l'art de ne pas aimer les morceaux qui me touchent le plus, puis je me suis dit que de toutes façons, j'aime toujours ce que je fais au début, avant de me lasser. Parce que je consomme mes compositions, comme un jouet que l'enfant finit par jeter ou oublier; c'est comme ça que ça se passe. En plus je suis en période fructueuse, consacrant le peu de temps que j'ai au piano. Les notes défilent donc, et quelque part je le déplore lorsque je me surprends à m'habituer à celles qui ont surgit en début de semaine, dans une autre histoire, qui comme toutes les autres m'ont semblé invincibles ce soir-là. J'en ai trouvé d'autres encore plus ancrées en moi et je perpétue donc le cycle, en espérant me retrouver le moins possible dans ces situations où tout est fini, où il n'y a plus de musique dans le morceau. Le cycle de la musique est le cycle de l'oubli.

-Tant pis.
Et elle est partie.

Je me disais aussi que les choses avaient bien changé en quelques mois. De temps en temps je m'amuse à remarquer des changements fondamentaux dans mes notes, comme si je venais de passer un cap. Depuis mon enfance j'ai dû en ressortir deux, pas plus. Puis avec ces derniers mois (et sur un plan quelque peu moins spirituel, il faut bien avouer l'intervention d'une voisine aux oreilles délicates...) les choses se calment et creusent, ce qui me fait frémir. J'ai donc décrété une nouvelle période, dont la frontière cependant n'est plus aussi claire: j'y inclus un morceau en particulier qui remonte déjà à un an (celui de ma rue sous la pluie) et dont je n'avais pas réussi à prolonger la couleur. Quelle en est la couleur?
Elle me dit que c'est pas beau, et là je découvre que je n'y avais pas pensé. Je n'y pense plus. L'harmonie est nouvelle, sans non plus aucun excès provocateur, je n'aurais que moi à provoquer ("le piano, ce piano, c'est définitivement la solitude"), mais j'ai regardé ce clavier, j'ai répondu, et je me suis rendu compte à quel point je m'en foutais. C'est étrange de découvrir la couleur comme ça. J'ai vu que rien n'était pareil. J'ai réussi un instant à être spectateur de moi-même.
Alors toute la journée j'ai continué à jouer et à frémir, à chercher dans ces tons, lentement. Et là maintenant, après cette bonne dose de moi-je, j'y vais à nouveau.

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Commentaires
L
lol ;-)<br /> faut pas le dire
L
Parfois, nos mères devraient la boucler. Amicalement.
La Minute Nécessaire est Terminée
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