Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Minute Nécessaire est Terminée
Archives
12 décembre 2004

Autres directions

J'ai cette sorte d'admiration pour ces instants où les gens sont réunis autour d'une table qui transmet en filigrane leur vie et les difficultés qu'ils ont surmonté, quasiment des héros. Stéréotypiquement c'est deux vieux héros de guerre ou des anciens résistants qui sirotent un bon porto au calme, 40 ans après. Mais stéréotypiquement seulement, parce qu'on est pas dans un film et qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil, surtout quand il ne se montre pas. Alors les gens continuent leurs bouffes sympas, raclettes et compagnie, mais le cinéma ne s'en soucie pas et c'est là le problème: il a tort. Parce qu'il n'y a rien de plus beau et apaisant que de voir ces deux femmes parler de leur enfance au Pérou et d'entendre et se faire absorber par le cadre du tableau qu'elles peignent, quand elles disent que ce film elles n'ont pas pu le voir à cause de la censure. Et l'esprit s'envole dans la dictature militaire et la vie à Lima, et l'arrivée à Paris, cette atmosphère des péruviens à Paris dans les années 80; se rappeler des livres de Alfredo Bryce Echenique, se souvenir de la famille restée là-bas à supporter le terrorisme entre deux régimes corrompus (et se remémorer la sonorité mystique des mots "Sentier Lumineux" - Sendero Luminoso). Décidément il n'y a rien de nouveau sous le soleil absent, tout simplement parce que tout est déjà là, et qu'il suffit de détacher ses yeux du verre de vin pour le voir. Autant que ces hommes qui il y a 30 ans survolaient les forêts canadiennes ou l'Iran, le Nigéria. Puis le regard de ce vieux qui a été emprisonné en Espagne alors qu'il tentait de gagner l'Afrique du Nord et le reste des troupes, pendant qu'elle attendait en France...

Et plus si affinités. Peut-être y a-t-il en suspension dans l'air cette impression naturelle de voyage qui se transmet. Tout cela germe dans ma chambre, je sais que ça ne va pas tarder pour moi non plus puisque ce n'est pas un choix mais un évidence, et je comprend alors pourquoi sur le parvis de la Défense les gens marchent si vite, de façon si déterminée, et pourquoi je pense à ça quand je vois une rue parisienne.

C'est classique, c'est l'art de se voir petit en bougeant pour pas se voir trop grand immobile, et vice-versa. C'est l'histoire d'humains qui se rencontrent.

Publicité
Commentaires
L
En voilà un de bel espoir.
H
Et c'est chouette. Dans rencontre il y a vie, écrivait Katarzyna.
La Minute Nécessaire est Terminée
Publicité
Publicité