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La Minute Nécessaire est Terminée
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12 octobre 2004

Home

Le mot "Home" s'ajuste mieux, tout comme "Hogar". En français je ne sais pas comment ce serait. "Foyer" ne convient pas. Et il ne faut pas tomber non plus dans "Racines". Ce n'est pas exactement les racines, ce n'est pas aussi solennel que ça. C'est la maison, tout simplement, mais pas si simple finalement...
C'est une de ces choses dont on ressent l'existence qu'en cas d'absence, et dès qu'il manque un élément à cette fondation de la vie, on se sent terriblement concerné par le sujet. Les gens qui ressentent en eux le vide de la maison savent que c'est un sujet trop important à leurs yeux pour qu'on se rende compte autour. Une sorte de combat solitaire, contrairement à celui des racines. On ne comprend pas cette impression que l'on a qu'autour cela semble une évidence.

Qu'est-ce que l'on croit? Que c'est blanc ou noir. Je le crois. Que la maison, tu l'as ou tu l'as pas, mais impossible de la construire. Si tu ne l'as pas, il faudra apprendre à vivre sans. Il y a des gens je crois qui ont passé leur vie à essayer de se construire une maison, à la rechercher partout tout en la fuyant. C'est assez singulier comme sentiment, cette persuasion de manquer quelque chose que l'on a jamais connu, ou plutôt d'avoir perdu ce que l'on a jamais possédé. Car il y a de ça, du sentiment d'égarement, du "où est-ce que j'ai bien pu la foutre?". D'aucuns la cherchent dans leur enfance, d'autres au bout du monde. Mais peut-être que l'on peut savoir qu'elle n'existera jamais, et que la construction de soi-même ne passe pas forcément par celle d'une maison. On vit bien avec un seul poumon...

Si la maison n'est pas là, et si on en veut trop, on ne l'aura jamais. Il nous manque la tranquillité de l'insouciance, du manque jamais connu, parce que le manque on le crée chaque jour un peu plus en croyant le combler. On est condamnés à l'imprécision; alors ou bien on s'y accommode, ou bien on l'exploite en se construisant d'autres cercles. Oublie la maison, va.

J'entends Troublemakers qui dans une chanson disent en refrain: "Home is where your heart is". Ce n'est qu'un refrain, d'une de ces phrases d'un monde tout rose. Pas une grande prétention donc (c'est surtout la musique qui est bien) d'autant plus que l'on peut s'attacher à beaucoup de choses (j'en suis déjà à mon troisième lieu d'attachement, sans en compter d'autres plus complexes). Pourtant c'est le genre de choses qui font perdre la tête en recherchant ainsi la maison: c'est une trop grande exigence. Gabin, des italiens je crois qui font de la musique lounge méditerranéenne, ont une chanson, "La Maison" justement, qui en plus d'exploiter la sonorité du français comme beaucoup le font, ne le fait pas simplement pour le plaisir. On peut y entendre: "Abandonne ta sensation d'homme perdu dans le monde. (...) La maison...le désir d'être.". Oui. C'est comme ça que j'entends que ce soit: ma maison ne sera qu'un désir d'être parmi tant d'autres, et dont je peux facilement et doit me passer. J'en ai marre d'être prisonnier dans ma maison imaginaire.

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Commentaires
L
Les racines c'est une autre histoire. Construire une "maison" je crois que c'est un compromis, celui d'accepter qu'elle ne remplacera rien.
H
Je dis souvent que je suis chez moi partout où je me sentais bien. J'ai cru que Montréal était ma maison. Je m'étais trompée. Montréal était Montréal, mes racines je les plongeais dans un l'amour que j'y avais vécu. <br /> Construire une maison, un chez soi aussi immatériel que visible, espace intime et clos, mais appelant les amis qu'on invite et la famille qui s'y installe peu à peu, c'est peut-être accepter de renoncer à construire des tours d'ivoire en soi, rendre les paradoxes douloureux d'aliénation et de liberté tangibles, vivables, en un mot : habitables.
La Minute Nécessaire est Terminée
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