Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Minute Nécessaire est Terminée
Archives
13 juillet 2004

Instants assis au piano

J'ai quelques notes à propos des instants piano. J'ai vaguement essayé de capter un peu de leur force, mais c'est assez vain, aussi bien en mots qu'en image. L'idée des photos était de capter le mouvement, mon mouvement, ma quintessence. Trop ambitieux sans doute, enfin voilà le résultat. En ce qui concerne les notes je vais les coller les unes à la suite des autres. Elles correspondent à divers états d'esprit dans lesquels je peux me trouver assis sur mon tabouret face au clavier, à l'autre clavier:

Aujourd'hui je me sens con. Parallèlement je me sens authentique. Je suis donc authentiquement con, c'est bon à savoir. Du coup je décide de m'asseoir une seconde sur le bord de la route et de regarder les passants. Je me vois défiler. J'aime me voir comme faisant partie de ce flux, de ce spectacle. Le soleil entrant par des centaines de fenêtres, la vision de rideaux, et derrière eux un salon vide, une maison vide, moi assis au bord du piano en silence, écoutant, tendant l'oreille à cet imposant silence, doux et pénétrant, accablant, juste troublé par des légers bruits de rue et les bulles de mon verre d'eau gazeuse. Le lourd son du piano muet. Son reproche plaintif, cet espoir naissant de sa contemplation, et cette chute lors de son toucher: le son est brut, il me ramène sur terre comme pour m'accuser de ne rien savoir exprimer d'autre que de la souffrance rancunière, de la douleur assoiffée de vengeance dont mon clavier fait les frais, en-dessous duquel les notes hurlent. Est-ce vraiment ça?

 


20h10. Le silence accompagné de perles de bruits familiers. Parfois je m'assieds au piano et je reste de long moments à les écouter.

 


Il y a des moments comme ça...où je m'ordonne de me ressaisir, de m'asseoir vraiment au piano et ne pas y passer comme une sorte d'autodiscipline de la décontraction, de ne pas oublier pourquoi je joue en fin de compte, de me rappeler. Je joue et rejoue tellement que je ne m'entends plus, mais il reste la satisfaction purement physique du temps pour soi, du simple loisir qui me voile. Il y a des moments comme ça...où je m'en rends compte. Et l'espèce de consternation qui s'empare de moi vient comme un prélude à quelque chose de merveilleux. Je ne le sais pas encore mais cette image est dores et déjà sous-titrée: "something beautiful is going to happen".
J'effleure alors les touches et écoute chacune de mes notes comme elle devrait l'être. Je me dis qu'à force de répétition, de bourrage, les notes ont perdu leur signification primaire.
- Et quelle est leur signification primaire?
- ...L'indescriptible.
Il y a des moments comme ça...

Publicité
Commentaires
La Minute Nécessaire est Terminée
Publicité
Publicité