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La Minute Nécessaire est Terminée
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3 novembre 2004

Histoire

Curieusement ce soir, je ne voit pas autant de texte sur les élections américaines, du moins pas ce à quoi je m'attendais.

Ce que je remarque surtout, c'est l'étonnante faculté que l'on a à apprendre et accepter ce qui se passe. Sur ce genre de questions on ne peut évidemment pas en faire autrement, mais on accepte quand même que Bush se soit présenté une deuxième fois, et bientôt qu'il restera encore jusqu'à 2008. Pourtant, quand on commençait à peine à parler d'élections - il y a des mois voire un an - il était totalement impensable que cet individu puisse se présenter à nouveau, tout comme il y a quelques temps il était impensable qu'il puisse remporter son mandat. Et pourtant, même si on est pas américains, on a observé comment se déroulaient outre atlantique des élections sur lesquelles dépend en grande partie notre sort, et on y a participé. Les motivations de cette participation sont une histoire à part, mais je retiens surtout l'image de la politique mondiale dépendant de la façon dont un candidat est habillé lors d'un débat télévisé. Je me sens comme faisant partie d'une sorte de méga-cité athénienne en tant que monde et dont je ne serais pas citoyen.

Parfois, quand je pénètre sur le parvis de la Défense, cette gigantesque clairière dans une forêt d'immeubles, ou en me promenant aux Tuileries, en voyant tout ce monde s'affairer, courir un cartable à la main à côté de ceux qui sont assis ou se reposent sur l'herbe, des adolescents qui font du foot, quand je vois le enfants sur le trampoline ou le manège en face des Quatre Temps tourner au son de sa musique mécanique, je me dis que j'ai de la chance de vivre dans un pays libre. Et je marche et me vois comme un partie de ce paysage mine de rien historique, celui des années 2000, tel ceux que j'aime observer en photo d'une rue 1900 avec ces gens vivant leur temps. On oublie facilement qu'on est englobés dans l'Histoire. Je sors du métro le matin et me découvre au milieu de cette rue lisant la grande incertitude qui règne encore sur ces élections, alors que ce soir tout sera peut-être joué, et que dans quatre ans cet instant aura été le point de départ, lorsque, le nez dans mon journal, je traversais cette rue en 2004.

Bush aura donc été réélu, et la journée s'achève déjà que, d'une certaine façon, on s'y habitue déjà, chacun à sa manière. On vit donc dans un monde ou Bush Jr aura régné 8 ans, dans un monde où des avions auront percuté les tours jumelles en 2001, et on s'y fait. On vit dans un monde où chaque jour le Monde se fait sentir un peu plus, et où l'on se fait toujours dépasser. On baigne dans l'incertitude d'un système que l'on croit ne pas comprendre. On voit la vie de toujours plus de gens modifiée par la virilité d'un dirigeant, qui mâche son chewing-gum bien visiblement car sa vie politique en dépend. On ne comprend pas les autre à côté, ni qu'ils ne nous comprennent pas nous. On vit donc dans un monde où le rapprochement implique un plus grand cloisonnement. Demain on aura vécu tout ça et bien d'autres choses insoupçonnables, et il faudra apprendre à vivre différemment, plus vite, à vivre plus vite différemment que l'on ne l'ait fait jusqu'à présent. Est-ce qu'on s'habituera aussi à l'incertitude? C'est la première fois que si un homme a une idée au fin fond de l'Afghanistan elle implique qu'un autre homme doive changer sa vie dans un ville de province au nord de l'Europe, systématiquement. Mais on s'y fait.

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Commentaires
L
Le monde change, parce que nous nous adaptons à ces changements que l'on a crée.
H
Ou pas. (pour moi ça s'accumule, ça s'efface pas, et ça me pèse m'étouffe et m'écrase chaque fois un peu plus. Je suis donc encore au monde...)
La Minute Nécessaire est Terminée
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