Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Minute Nécessaire est Terminée
Archives
26 mai 2004

Des moments fabuleux

Ce que je trouve formidable c'est quand le prof de maths devant toute l'aimable assemblée s'arrête pour prononcer une analyse globale de tout ce qu'on est en train de faire, achevant ainsi de nous perturber puisqu'on ne comprend déjà pas le détail, alors l'utilité de l'ensemble...bah fo pas pousser quoi. En général je profite de ces quelques secondes pour rattraper mes deux théorèmes de retard, mais je sais qu'il y a quelque chose de captivant dans le bruit de fond.

Au début ça m'amusait, tout simplement, parce que d'abord on théorisait sur nos théorèmes théoriques qu'on devrait théoriquement utiliser intelligemment, alors que moi ça fesait bien une semaine que je ne pigeais plus rien à toutes ses histoires (ou la fantastique selection naturelle dite temporellement pyramidale: premier jour du chapitre, 45 élèves dans le train, effectif réduit de moitié dès le troisième jour, et il va donc sans dire que la semaine suivante est réservée aux sommités intellectuelles qui errent dans les sphères -ô combien- supérieures de ce monde parallèle...). Ca m'amusait aussi ensuite parce que, pour la première fois de ma scolarité, on nous parlait de maths et ça, ça ne m'était jamais arrivé au lycée. Les maths devenaient une chose au sujet de laquelle on pouvait penser, et ça c'est un sacré choc.

Plus l'année avançait, et plus le bougre a remis ses analyses supramathématiques, et plus on découvrait alors que la passion des maths, ça peut exister, farpaitement mesdames messieurs! Et en fait c'est beaucoup plus une manière de penser qu'on ne le croît. Mais le hic le voici: bah c'est dur. Il faut d'abord avoir vachement méga très beaucoup envie d'y plonger comme ça, à corps perdu, et puis il faut lutter pour tout comprendre, et là on en est au stade où se dessine à l'horizon la lutte pour créer, pour combiner, pour avoir idée. Ce que je vais dire est un petit pas pour l'humanité, mais il faut être fort en maths pour aimer les maths (sans ça la chose a un nom: masochisme pathologique). Et c'est pas terminé! Parce qu'après qu'on soit devenu super balaise comme Blaise et qu'on soit incollable, c'est pas tout ça mais faut aussi s'y intéresser pour "sucer la moëlle secrète des mathématiques". Et à l'image de ceux qui sont de l'autre côté de la montagne, ou bien tout simplement en entendant parler mon prof, on découvre que "there´s more to mathematics than this", qu'en fait on se retrouve face à un langage. On peut alors non seulement parler ce langage mais encore, et surtout, penser ce langage, et là c'est culturel les mecs. Et le summum, c'est quand on n'oublie pas sa langue maternelle.

Voilà. Par conséquent, je n'ai pas le courage.
cqfd.

Publicité
Commentaires
L
Lol, suis-je allé trop loin?<br /> Non mais sans blogue (http://www.u-blog.net/lemendiantario/note/110#repondre), c'est vrai que les maths sont dans une sorte d'injustice qu'on voit partout. Même autour de moi, quand on discute de tel ou tel thème qui puisse éventuellement nous intéresser en physique ou en chimie, j'entends l'expression d'un mépris marqué de la plus naturelle évidence lorsque l'on passe aux maths: "de toutes façons les maths...".<br /> Voilà, et après on s'étonne que les profs de maths vivent dans leur monde. Il faut comprendre qu'un fois de l'autre côté, l'évidence est ce langage: "mais comment peuvent-ils ne pas aimer?".
H
Ce sont des gens et des propos comme les tiens qui me permettent de concevoir - pas encore comprendre, hé - que l'on puisse aimer les maths, et en faire une "manière de penser le monde"...<br /> Et j'en viens presque à regretter d'y être nulle!
La Minute Nécessaire est Terminée
Publicité
Publicité